Les mobilités professionnelles

"Anticiper les évolutions des métiers, des emplois et des compétences", "gérer les transitions professionnelles", "construire, accompagner et sécuriser les parcours professionnels" …
Dans un paysage économique en forte mutation, la mobilité professionnelle est un phénomène complexe aux enjeux multiples impliquant l’ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux intervenant dans le champ de l’emploi et de la formation.
Choisie ou subie, interne ou externe, elle résulte à la fois de stratégies individuelles et collectives.
Métier, âge, statut, territoire... nombreuses sont les variables qui ont une influence sur les mobilités professionnelles.

Les enjeux des mobilités professionnelles :

"La mobilité professionnelle désigne les mouvements affectant la population active et se traduit par le changement d’emploi, d’entreprise ou de catégorie socioprofessionnelle des individus. C’est un phénomène complexe au carrefour de déterminants multiples."

Le produit de multiples déterminants individuels et collectifs

"La mobilité reflète les ajustements qui s’opèrent sur le marché du travail. Elle est également le produit des stratégies, comportements et caractéristiques des entreprises. Les modes de gestion des entreprises privilégiant ou non l’ancienneté, mettant en place tel ou tel type de flexibilité, déterminent les mobilités. Les transformations des emplois et des professions, l’évolution des compétences exigées induisent des mobilités professionnelles. La mobilité résulte aussi du renouvellement de la population active par le jeu des entrées et sorties d’activités. Elle est une conséquence des stratégies des individus et de leurs caractéristiques. Elle dépend de la situation des ménages en termes de revenu, du nombre d’enfants, du logement comme de la localisation. Elle dépend de la formation initiale et continue qui ouvre l’accès à des familles d’emploi plus ou moins larges. Elle dépend, enfin, des stratégies individuelles et collectives."
Source : Les mobilités professionnelles : de l’instabilité dans l’emploi à la gestion des trajectoires – Commissariat général du plan – 2003

Le spectre d’intervention sur les trajectoires professionnelles est extrêmement large et il croise des intérêts d’ordre divers voire divergents :

  • Des intérêts économiques orientés par des valeurs marchandes (productivité, compétitivité des entreprises, rentabilité) ;
  • Des intérêts politiques orientés par des notions de bien commun (éducation, culture, santé, sécurité…)
  • Des intérêts de chacun pour sa propre vie orientés par des valeurs personnelles (attachement au territoire, enjeux familiaux…)
    Source : Mobilités professionnelles, quelques clés de lecture pour des situations complexes – Mémo n° 44 – Orm Provence Alpes-Cote-d'Azur – juin 2009

Un phénomène en développement qui se complexifie

Plus nombreuses, les phases de transition sont aussi moins lisibles

"La probabilité de passer toute sa vie professionnelle dans la même entreprise devient de plus en plus faible. Pour la plupart des salariés, la vie active se déroule d’ores et déjà au sein de plusieurs entreprises, en continu dans le meilleur des cas, mais très souvent avec des ruptures, en alternant des périodes d’activité et d’inactivité, parfois de formation. Certaines transitions se révèlent particulièrement discriminantes quand elles maintiennent les personnes dans des formes d’emploi précaires ou conduisent au chômage de longue durée.
Les entreprises ont déjà réfléchi à la question des mobilités. Mais, face aux mutations et restructurations industrielles, elles entrevoient principalement ce concept sous l’angle d’un ajustement quantitatif des effectifs. Cependant, l’allongement de la durée de la vie professionnelle rend de plus en plus impératif d’aborder la mobilité sous un angle qualitatif".
Source : Mobilités professionnelles et compétences transversales - p.16 – La documentation française, juillet 2006

Mobilité géographique et mobilité professionnelle : les freins

Dès que la mobilité professionnelle implique une mobilité géographique, apparaissent des freins psychologiques, familiaux, financiers et en lien avec le logement.

"Le principal frein à la mobilité géographique est incontestablement le logement, par des logiques différentes selon que l’on soit locataire ou propriétaire. Les ménages propriétaires sont les moins mobiles, les coûts de transaction étant très élevés et les propriétaires étant davantage retenus par des logiques de cadre de vie, compte tenu d’une ancienneté moyenne dans le logement plus élevée. 91,8 % des propriétaires n’ont connu aucune mobilité contre 70,4 % des locataires privés."
"Si la mobilité est vécue comme un investissement, le raisonnement coûts/avantages de la migration sera évalué au niveau du ménage. Dans 23 % des cas les femmes d’un couple bi-actif qui migrent hors du département connaissent le chômage au cours de l’année qui suit la migration."
"Le changement de lieux de scolarité des enfants, l’accueil en crèche pour les petits, recréer des repères sociaux sont des facteurs de déséquilibres familiaux au cours d’une mobilité."
Source : Mobilité géographique et professionnelle : bouger pour l’emploi - Claude Greff – avril 2009

Le coût du logement pèse sur la mobilité professionnelle
Le Medef a commandé une étude au Crédoc sur les conséquences de la crise du logement sur l’emploi et, en particulier, sur la mobilité professionnelle. Une enquête spécifique a alors été menée auprès de 2 006 personnes représentatives de la population afin de comprendre les mécanismes à l’oeuvre.
L’enquête révèle l’ampleur des interactions entre le marché du logement et le marché de l’emploi : aujourd’hui, 70 % des actifs déclarent qu’ils refuseraient un emploi meilleur que celui qu’ils occupent actuellement si cela devait les obliger à déménager en occasionnant un surcoût financier. Au cours des cinq dernières années, environ 500 000 personnes en recherche d’emploi ont renoncé à un poste parce que cela les aurait contraintes à accroître leurs dépenses de logement . 56 % des personnes interrogées indiquent que, ne pas être obligé de déménager, est un critère "très important" dans le choix d’un nouvel emploi.
Consommation et modes de vie n° 240 – Crédoc – juin 2011